Utiliser une bactérie génétiquement modifiée pour sauver les peintures de Lascaux : c’est l’idée insolite que développent huit étudiantes de Toulouse. Ces dernières veulent lutter contre les moisissures noires qui ont contaminé Lascaux après l’invasion de filaments blanchâtres de champignon fusarium solani. A l’automne, cette équipe exclusivement féminine présentera le résultat de ses recherches à Boston lors de la compétition international iGEM de biologie synthétique.
La démarche des étudiantes de l’INSA Toulouse est d’utiliser la banale bactérie Bacillus subtilis - présente dans la grotte – pour qu’elle attaque le champignon qui ronge les peintures. Mais pour cela il faut modifier génétiquement la bactérie pour qu’elle excrète quatre produits fongicides.
Pour assurer l’absence de diffusion dans l’environnement de cet OGM, les biologistes en herbe prévoient que leurs microorganismes « s’autodétruisent » par un système toxine/antitoxine (si la bactérie soigneuse contamine une autre bactérie, elles meurent).
Les candidates inventeront aussi un dispositif portatif pour appliquer leur OGM le plus localement possible et confiner les effets.
Reste à savoir si la démarche sera probante et si elle pourra être acceptée par les Monuments historiques !
Déjà l'an dernier une équipe iGEM de Toulouse s'était consacrée à sauver un patrimoine, celui des platanes du Canal du midi rongés aussi par un champignon redoutable. Mais la faisabilité n'a pas permis de déboucher sur une solution... Le concours iGEM c'est souvent beaucoup de rêves...
Dorothée BROWAEYS est journaliste, rédactrice en chef adjoint à UP MAGAZINE et coordinatrice de Synenergene avec JJ Perrier. Biologiste de formation, elle a confondé VivAgora, association pour la mise en culture de l'innovation. Impliquée dans des processus constructifs d’inclusion des parties prenantes (Forum NanoRESP, Université populaire Paris2), elle promeut l’ouverture des écosystèmes d’innovation. Elle a publié Fabriquer la vie : où va la biologie de synthèse ? (Seuil, 2011) et Le Meilleur des nanomondes, (Buchet Chastel, 2009).